Alimentation La luzerne déshydratée améliore la valeur nutritionnelle du lait
Les luzernes déshydratées permettent de corriger naturellement les déséquilibres amenés par une alimentation basée sur l’ensilage de maïs, élément incontournable de la ration de base.
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La luzerne vient notamment combler les carences nutritionnelles du maïs fourrage. Parmi ces carences, on notera sa pauvreté en azote qui nécessite dans la plupart des cas un complément de tourteau de soja. Mais également sa pauvreté en minéraux, particulièrement en calcium.
Par ailleurs, lorsqu'il est broyé finement, l'ensilage de maïs limite également l'efficacité du rumen. Enfin, sa teneur élevée en lipides a tendance à favoriser la synthèse des matières grasses et la production d'acide butyrique.
« On sait également que l’apport de luzerne déshydratée permet de réduire le risque d’acidose. Mais, plus récemment, une étude laisse également penser que la luzerne déshydratée permettrait de moduler le profil en acides gras (AG) du lait », énonçait Vincent Ballard, de la Coopedom.
En partenariat avec l’Unité de recherche système d’élevage (Groupe Esa) et l’Inra de Saint-Gilles, la Coopedom a donc lancé une étude sur l’effet de l’apport de luzerne déshydratée sur le profil en acides gras du lait de vache, dans des élevages utilisant des fourrages déshydratés.
Prélèvements et estimations
Cette étude a porté sur 30 élevages laitiers basés en Ille-et-Vilaine. « Nous les avons sélectionnés en fonction de leur ration hivernale », précisait Vincent Ballard. In fine, 6 groupes alimentaires différents ont été constitués (lire l'encadré ci-dessous).
Les groupes alimentaires étudiés(1) : ration mixte ensilage de maïs et ensilage d’herbe ; |
+0,15 à +0,63 points
L’analyse de l’étude montre que le fait d’apporter de la luzerne déshydratée ne vient pas altérer ou améliorer les performances de production des vaches laitières. Les caractéristiques relevés sont identiques entre les 6 modalités, avec en moyenne 2,7 l/j de lait, 41,4 g/l de TB et 33,4 g/l de TP. « Par contre, nous avons constaté que les rations contenant de la luzerne déshydratée seule, ou associée avec du lin, modifient de façon significative les profils en acides gras du lait. »
Dans le détail, par rapport à une ration ensilage de maïs + ensilage d’herbe, la teneur en C18:3 augmente de :
- 0,15 points avec la ration ensilage de maïs + ensilage d’herbe + luzerne déshydratée ;
- 0,45 points avec la ration maïs + ensilage d’herbe + luzerne déshydratée + lin ;
- 0,63 point pour la ration sèche complémentée de luzerne déshydratée.
« Ces résultats laissent donc supposer que les sources de C18:3 s’additionnent », résumait Vincent Ballard.
Autre effet de l’apport de luzerne déshydratée : le ratio C18:2/C18:3 est significativement réduit et dans tous les cas inférieur à 5, valeur recommandée par l’Afssa.
Meilleure protection du C18:3
Enfin, la luzerne déshydratée semble faciliter le transfert du C18:3 entre d’une part, la ration, et d’autre part, le lait, « puisque le taux de transfert estimé est supérieur pour les animaux recevant de la luzerne déshydratée, en moyenne entre +1,1 et +3,4 points, soit +23 à +72 % ». L’hypothèse avancée par le scientifique est une « meilleure protection du C18:3 contre la bio-hydrogénation ruminale lorsque il est apporté dans de la luzerne déshydratée ».
Au final, cette étude confirme donc l’intérêt de l’apport de luzerne déshydratée dans la ration « pour améliorer la valeur nutritionnelle de la matière grasse laitière ». Toutefois, « les mécanismes permettant d’expliquer cette amélioration, entre autres liés à de potentielles modifications de la digestion dans le rumen restent à étudier », concluait Vincent Ballard.
Pour aller plus loin
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